L’Organisation Patronale des Entreprises de la Construction du Mali (OPECOM), une des plus vieilles organisations du secteur privé, avec ses 50 ans d’existence, a tenu le samedi 19 juin dans la salle de conférence du gouvernorat de Bamako sa 11e assemblée générale ordinaire sur le rapport d’activité de 2020. La cérémonie d’ouverture était placée sous la présidence de la ministre des Transports et des Infrastructures, Mme Dembélé Madina Sissoko.
L’objectif de la 11e assemblée générale ordinaire sur le rapport d’activité de 2020 de l’Organisation Patronale des Entreprises de la Construction (OPECOM), selon son président, Boubacar H. Diallo, est de faire le bilan de l’année 2020 en indiquant les ressources financières et l’utilisation qui en a été faite.
«Ce rapport sur lequel vous serez amenés à vous prononcer a été transmis à tous les adhérents et au modérateur plusieurs jours avant cette assemblée générale» a précisé le président Diallo. Le même rapport a été transmis à tous les partenaires afin que ceux-ci puissent se faire leur propre opinion sur l’organisation. Ce qui illustre la transparence dans la gestion du bureau de l’OPECOM que dirige Boubacar H. Diallo.
Des réformes politiques audacieuses et une volonté politique d’accompagnement du secteur
La présente assemblée générale se tient dans un contexte marqué par la crise et la Covid-19. Des événements qui ont négativement impacté la vie des entreprises du secteur des Bâtiments Travaux Publics (BTP). C’est qu’a rappelé le président Diallo, selon qui, les entreprises du secteur sont dans un long et pénible cycle de résilience depuis plusieurs années. «Les difficiles conditions sécuritaires ont davantage fragilisé nos activités. Nous tenons tout de même, dans l’espoir que demain sera mieux qu’aujourd’hui», espère-t-il.
Profitant de l’occasion, le président Diallo a insisté sur deux choses : les réformes qui puissent rendre efficaces les entreprises du secteur des BTP dans le cadre d’une régulation maîtrisée et la volonté politique pour accompagner les entreprises en leur permettant d’accéder au marché.
Concernant les réformes, il a déploré l’absence de texte consensuel sur la relecture de la loi 093-065 du 15 septembre 1993 entamée depuis 2017. «Cette revendication a été exposée à travers notre mémorandum à l’occasion de la Cérémonie Commémorative de la Journée Mondiale de l’habitat et des Villes en Octobre 2019 ainsi qu’aux Journées de Réflexion et de Concertation qui ont suivi, organisées par le Ministère de de l’Habitat, de l’Urbanisme et du Logement Social de l’époque», a-t-il précisé.
Pour le président Diallo, il y a lieu de tenir compte des incompatibilités prévues par cette loi d’où l’aspect régulation entre les différents acteurs que sont : les professions d’Ingénieur-Conseil, d’Architecte, d’Urbaniste, de Géomètre Expert et particulièrement de promoteur immobilier. C’est dans ce cadre qu’il a rappelé que la construction est strictement réservée aux entrepreneurs régulièrement établis.
Selon le président de l’OPECOM, la réalisation des milliers de logements sociaux aurait dû impliquer des centaines d’entrepreneurs. Ce qui n’a pas été fait. Car, dit-il, le partage des rôles et des responsabilités est une exigence fondamentale.
«C’est ainsi que la plupart de ces logements ne sont pas conformes aux règles de l’art et aucun bénéficiaire ne peut y habiter avant d’avoir fait des modifications importantes sans compter le manque à gagner en termes d’impôts et taxes et le chômage des entreprises régulièrement installées», a-t-il martelé.
Concernant la volonté politique, le président Diallo, tout de blanc vêtu et une chéchia sur la tête, a rappelé que l’existence de l’entreprise est la volonté politique de l’État pour lui permettre d’atteindre certains de ses objectifs en matière d’emploi et de croissance économique pour le développement du pays. Toutefois, cette volonté politique tarde à s’affermir.
C’est dans ce cadre qu’il a déploré le niveau de dégradation très élevé du réseau routier de base par rapport aux moyens disponibles pour son entretien qui ne couvrent que 15% des besoins réels. Ce qui explique selon lui les différentes crises récurrentes des routes surtout pendant l’hivernage. Il y a donc lieu de renverser la tendance, a-t-il soutenu.
Au sujet des sources de financement de l’entretien des routes, il a affirmé que toutes les constructions de routes sont assurées tous risques et que la police d’assurance est calculée sur la base de 115% du montant du marché et ce, pendant la durée totale des travaux ; ce qui justifie pour eux la nécessité de mettre les assurances à contribution dans le cadre du financement de l’entretien.
Le déficit de moyens conséquents pour assurer l’entretien correct des routes a fait que beaucoup d’entreprises qui se sont équipées pour l’entretien routier ont pratiquement leur matériel dans les garages. «Leurs chiffres d’affaires sont devenus négligeables», a-t-il affirmé avant de solliciter auprès de l’Etat que des moyens conséquents soient investis dans l’entretien routier pour permettre enfin à toutes ces entreprises de voir le bout du tunnel. Il a aussi plaidé pour l’adoption des critères de qualification incitatifs pour favoriser les groupements d’entreprises.
Le gouvernement très réceptif aux problèmes du secteur des BTP
Malgré cette situation, le président Diallo a noté des avancées. L’Ageroute programme désormais l’entretien routier pour qu’il soit semestriel comme par le passé. Toutefois, martèle-t-il, tant et aussi longtemps que l’Autorité routière n’aura pas les moyens financiers conséquents à travers des conventions avec les banques ou une subvention de l’Etat avant son opérationnalisation, l’entretien routier sera toujours mis en œuvre et ce, pendant l’hivernage, avec toutes les conséquences que nous connaissons. Il a exhorté ses collègues chefs d’entreprises à se faire distinguer par la qualité des travaux réalisés en respectant les délais.
Pour terminer, le président de l’OPECOM a invité les services des impôts (dont les membres ont participé à la cérémonie d’ouverture) à une plus grande compréhension des spécificités des entrepreneurs du BTP dans le cadre d’un dialogue pédagogique. Il a aussi rappelé la disponibilité de son organisation à soutenir la transition.
Tous les intervenants, qui se sont succédé au pupitre, du secrétaire général du ministère de l’Urbanisme, de l’Habitat, des Domaines, de l’Aménagement du Territoire et de la Population, Imrane Abdoulaye, au ministre des Transports et des Infrastructures, Mme Dembélé Madina Sissoko, en passant par les présidents de l’ordre des architectes du Mali, de l’ordre des ingénieurs-conseils et l’ordre des Urbanistes du Mali, ont été réceptifs aux problèmes du secteur du BTP et ont fait dans leur intervention le même constat.
La ministre des Transports et des Infrastructures, qui en était à sa première grande sortie, a décliné sans complexe toute son identité en tant qu’ingénieur du génie civil et de sa relation avec le secteur du BTP avant d’entamer son allocution. Elle a partagé le diagnostic fait par le président Diallo et a même souligné la disponibilité de son département à recevoir les recommandations issues de la présente assemblée générale en s’engageant à accompagner l’OPECOM.
Comme pour dire que dans ce secteur du BTP, pour une fois, tout le monde parle le même langage. Le leadership de l’OPECOM a été reconnu par l’ensemble des intervenants. Il est important de rappeler que les participants à l’assemblée générale sont venus de tous les démembrements de l’OPECOM de Kidal à Kayes. Les adhérents qui se sont retrouvés dans le discours de leur président se disent fiers de leur organisation et de sa gestion.
Abdrahamane SISSOKO